Vendre ou acheter du vin encore en élevage, c’est possible et ça se passe tous les ans sur la « Place de Bordeaux ».
Ne pas confondre primeur et primeur ! Le mot peut désigner des vins jeunes destinés à être bus quelques semaines ou quelques mois après la vendange, à l’image du plus célèbre d’entre eux, le Beaujolais nouveau. A Bordeaux, il prend un autre sens avec la vente de vins en primeurs, système quasi-exclusif à la région. Depuis les années 70, les grands crus classés et d’autres vins d’une centaine de propriétés environ sont mis en vente au printemps suivant la vendange, alors qu’ils ne sont pas finis et qu’ils doivent vieillir encore de nombreux mois en barriques.
Tout le monde s’y retrouve !
Pour les institutions viticoles girondines dont l’Union des Grands Vins de Bordeaux, c’est l’occasion de créer l’événement et de mettre la lumière sur le vignoble local. Pour les châteaux, il s’agit de faire de la trésorerie bien avant la mise en bouteilles et en marché. Pour les acheteurs dont les négociants – qui les revendront ensuite aux acteurs de la distribution -, c’est un pari sur l’avenir à un tarif moindre que le prix de vente pratiqué ultérieurement. Au début du printemps, l’effervescence gagne la Gironde. Négociants, importateurs, courtiers, acheteurs et journalistes convergent du Monde entier pour déguster les vins en primeurs. Le moment de vérité pour les propriétaires !
Spéculation ?
Dans les semaines qui suivent les dégustations, les propriétaires de châteaux mettent donc leurs vins à la vente en primeurs. Pour fixer leur prix, ils tiennent forcément compte de l’avis des professionnels et des notes des critiques parues dans la presse. De bons commentaires signifient une demande forte donc la possibilité d’oser un prix assez élevé. A l’inverse, l’absence d’éloges augure une demande plus faible et la nécessité de ne pas placer la barre trop haut en terme de tarifs.
Très enraciné dans la tradition bordelaise, la vente en primeurs a pourtant ses revers. Le principal étant donc d’alimenter une spéculation qui, certaines années, fait s’envoler des prix de manière inconsidérée vers des sommets inaccessibles à la majorité des amateurs.