En Provence et en Corse, les succès économiques de ce vin estival masquent un peu l’existence de blancs et de rouges pourtant remarquables.
Certains croyaient à une tendance éphémère… Force est de constater que l’immense succès du rosé sur le marché mondial ne se dément pas ! En termes de volumes, le rosé occupe une position majoritaire dans quelques appellations. En Corse par exemple, les rouges et les rosés représentaient respectivement 60 % et 30 % de la production au début des années 2000… Vingt ans après, c’est l’exact inverse !
Mais si les rosés de Provence et de Corse s’exportent aux quatre coins de la planète, les professionnels et les amateurs avertis savent bien que ces vignobles sont capables de décliner leurs vins avec brio dans les deux autres couleurs !
En Provence, des îlots d’autres couleurs !
Des Alpilles à Nice, dans son acception la plus large, la Provence compte quelques AOP très réputées et de nombreux domaines distingués par la mention « cru classé », pour d’autres vins que les rosés. Les meilleurs vignerons des Baux-de-Provence tutoient les sommets avec leurs rouges et leurs blancs. Plus à l’est, l’appellation Cassis distingue des blancs de très belle facture sur son terroir littoral. Et que dire de Bandol ? Le plus célèbre des vignobles provençaux a assis sa renommée et son identité sur ses fameux vins rouges de garde issus du cépage mourvèdre. En poussant jusqu’à l’agglomération niçoise, il faut aussi découvrir Bellet, appellation d’une soixantaine d’hectares où rouges et blancs expriment le potentiel d’un terroir singulier entre mer et montagne.
La Corse, terroir de grands blancs !
Depuis une vingtaine d’années, le vignoble de l’île de Beauté ne cesse de démontrer son immense potentiel. Les rosés y sont de bonne facture, mais ses vignerons les plus talentueux se révèlent surtout sur d’autres tons. En rouge, le cépage nielluccio domine au nord, sur la fameuse AOP Patrimonio, et le sciaccarellu, fin et délicat, est plus présent au sud, vers Ajaccio et Sartène. En mono-cépage ou en assemblage, ils donnent des vins de haut niveau. Quant aux blancs, issus en majorité du vermentino – ou d’autres cépages anciens désormais remis en culture -, ils se placent parmi les plus grands vins blancs méditerranéens. Ils sont souvent profonds, élégants, et d’une étonnante fraîcheur pour ces latitudes méridionales. A hauteur de seulement 10 % de la production corse, il serait pourtant bien dommage de les ignorer, comme il serait réducteur de voir nos vignobles méditerranéens par l’unique prisme du rosé.